Les mendiants du boulevard

Article : Les mendiants du boulevard
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19 décembre 2016

Les mendiants du boulevard

De nature pas très baladeuse, je me suis proposé de sortir me dégourdir les jambes dans ma ville, histoire de me changer les idées.

Je longeais le boulevard quand j’ai aperçu un vieillard au feu rouge. Il était tout sale, maigre au point qu’on pouvait compter toutes ses côtes et il était assis, privé de ses deux jambes. Il quémandait, les mains tendues, auprès des passants, quelques pièces afin de se remplir le ventre avant que le soleil ne se couche.

Au stop, j’ai vu une grande voiture de luxe, aux vitres fumées avec à l’intérieur une dame vêtue d’un costume tailleur avec une montre de luxe au poignet. Elle ne quémandait qu’une chose : la paix du cœur à l’abri des regards accusateurs. Parce que dans la société où elle vit, son succès la rend coupable aux yeux de son entourage.

Au-delà du feu rouge, après avoir parcouru une centaine de mètres, j’ai aperçu une foule d’individus au bord du boulevard, le bruit de leur bavardage étant étouffé par celui d’une sirène. Une ambulance était garée au beau milieu de la voie, créant un embouteillage. Il y avait du sang partout et un individu sur un brancard, l’air d’avaler ses derniers souffles. Il ne quémandait qu’une chose : la chance de revoir une dernière fois sa chère et tendre épouse et le sourire aimant de ses enfants.

Juste à côté, dans l’embouteillage créé, il y avait une femme enceinte assise dans un taxi, poussant des gémissements. Elle ne quémandait qu’une chose : que la circulation reprenne rapidement sur la voie afin qu’elle arrive à temps à l’hôpital pour accoucher dans de bonnes conditions.

Puisque je ne supporte pas la vue du sang, je me suis tout de suite éloigné de la scène accidentée. Plusieurs mètres devant, juste en face d’une boutique, j’ai assisté à une dispute conjugale. Et d’après les murmures aux alentours, la femme avait trompé son mari. Dans le regard du mari, j’ai lu qu’il ne quémandait qu’une chose : la force de pardonner son épouse qu’il aimait encore de toute son âme et de toutes ses forces.

Soudain, mon attention a été détournée de cette scène émouvante par un projectile qui m’a effleuré la jambe. Il s’agissait d’un chien qui se faisait chasser par une revendeuse de riz. Ce chien errant ne quémandait que les restes des repas des clients de cette revendeuse.

Au crépuscule, sur la voie de retour chez moi, je ne quémandais qu’une chose : que toutes ces personnes que j’ai croisées le long du boulevard, obtiennent ce qu’elles quémandaient.

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Commentaires

BATAZI
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hummmmmmmmmmmmmmmmm, à chacun son désir, l'un a toujours ce que l'autre désir. très émouvant petit frère. pérséverance dans ce que tu faits. bisous

dodo
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Merci beaucoup sœurette pour tes encouragements